Moto2 à Jerez : Elias l'emporte au courage
N'ayons pas peur des mots : la course Moto2 de Jerez fut extraordinaire. Entre dépassements "d'entre les morts" et freinages "d'outre-tombe", les pilotes des 600 cm3 ont fait le spectacle. Cette fois, c'est Toni Elias qui en sort vainqueur... sans toutefois déboulonner Tomizawa au classement.
Vainqueur au Qatar, Shoya Tomizawa s'élance en ce dimanche de Moto2 à Jerez, de la pole position. Pourtant, c'est Toni Elias - 3ème sur la grille - qui réalise le meilleur départ, suivi du Japonais et de Simon. Le premier tour est très disputé mais Tomizawa réussit à conserver la tête, sévèrement menacé toutefois par Corsi qui finit par le doubler. Au prix d'une attaque un peu "suicidaire", le pilote du CIP accroche l'Italien et tombe, perçant un carter et causant du même coup une dizaine de chutes - dont certaines sont très spectaculaires, des pilotes se faisant faucher par les motos en perdition.
Dès le déclenchement du drapeau rouge, les commissaires de piste de précipitent dans le virage concerné (le n°6) pour répandre de la sciure sur ce qui semble être une trace de gras. Evidemment, tous les pilotes se ruent aux stands en attendant qu'une nouvelle procédure de départ soit mise en place. Ceux qui ne disposent pas de "mulet" doivent repartir - pour ceux qui le peuvent - avec une machine un poil chiffonnée... Pour Jules Cluzel, la course s'annonce rude, car il a été percuté, dans une autre zone du circuit, par le Colombien Yonny Hernandez. Heureusement pour lui, il pourra repartir sans encombre.
Reprise des hostilités
Une demi-heure après le carambolage, le nouveau départ est donné. Les Espagnols Elias et Simon virent en tête, suivis par Tomizawa, Takahashi et Noyes. Cependant, le résident du CIP parvient vite à remonter et se retrouve second, à la chasse à l'Elias, qu'il dépasse alors qu'il reste quinze tours à parcourir. Takahashi, le pilote Tech3, lui aussi veut se jouer de l'Espagnol mais est pris par Noyes pour la troisième position. Globalement, les six premiers, dont Thomas Lüthi, peuvent briguer la victoire.
Noyes continue son festival et double d'affilée Tomizawa et Elias pour le plus grand plaisir de sa star de patron, Antonio Banderas. Malgré cela, Tomizawa ne se laisse pas distancer et récupère son bien, histoire de bien montrer que c'est lui le sensei. Les deux hommes s'expliquent sévèrement mais Noyes arrive à creuser un petit écart en tête. Toutefois, évidemment, à dix tours de l'arrivée, rien n'est joué dans cette catégorie très concurrentielle. La preuve, Tomizawa fait une petite erreur de pilotage - sanctionnée par un gros guidonnage - et Toni Elias, Kenny Noyes et Thom Lüthi notamment en profitent pour s'intercaler.
Une fin de course sous pression
Au fil des tours, la pression se fait de plus en plus lourde et les attaques très viriles (Elias n'y va pas de main morte), ce qui fait autant le jeu du Japonais que de l'Helvète qui, à trois tours de la fin de la course se battent comme des lions. La course ne laisse aucun répit et les dépassements s'enchaînent tant en tête que derrière (Corsi notamment se déchaîne pour la sixième place). Dans le dernier tour, la bagarre entre Elias, Lüthi et Tomizawa (qui guidonne souvent : sa ne devait pas être indemne après la chute) fait rage et, c'est l'Espagnol qui passe le drapeau à damiers le premier, suivi par le Japonais et Thom Lüthi - qui n'avait pas été à pareille fête depuis longtemps.
En quatrième position, le pilote Tech 3 Takahashi a fait plutôt bonne figure après sa déconvenue de Jerez. Pour terminer, l'Américain Kenny Noyes, après avoir fait le spectacle a rétrogradé au septième rang. De l'intérêt de rester constant...
Moto2 à Jerez, ce qu'il faut retenir
Tout d'abord, une fois de plus, c'est l'aspect hautement concurrentiel de la catégorie. Au cours de cette course de Jerez, les pilotes ont montré à maintes reprises qu'ils n'avaient aucun droit à l'erreur. En effet, au moindre petit écart, ils sont sanctionnés ; et puis, lors des départs, cette sensation que les fauves sont lâchés reste inimitable. Le second aspect intéressant est que Shoya Tomizawa a montré, grâce à sa seconde place finale, qu'il peut se montrer plutôt régulier - il a même plusieurs fois mené la course.
En troisième lieu, il faut souligner que les châssis Suter semblent légèrement au-dessus du lot même si, aujourd'hui dimanche, c'est la structure Moriwaki qui a gagné grâce à Elias. Enfin, il est intéressant de noter qu'un Espagnol qui s'est de nouveau imposé, avec l'art et la manière. Ex-pilote de MotoGP, Toni Elias a réussi, au prix d'attaques très viriles, à "faire son trou". Malgré tout, résister sur la durée sera plus ardu... Pour l'instant, au championnat, Tomizawa les met tous d'accord !
Résultats de la course Moto2 de Jerez
1. Toni ELIAS SPA Gresini Racing Moto2 Moriwaki 150.5 29'58.726
2. Shoya TOMIZAWA JPN Technomag-CIP Suter 150.5 +0.190
3. Thomas LUTHI SWI Interwetten Moriwaki Moto2 Moriwaki 150.5 +0.261
4. Yuki TAKAHASHI JPN Tech 3 Racing Tech 3 150.4 +0.558
5. Simone CORSI ITA JIR Moto2 Motobi 150.4 +1.449
6. Sergio GADEA SPA Tenerife 40 Pons Pons Kalex 150.4 +1.496
7. Kenny NOYES USA Jack & Jones by A.Banderas Promoharris 150.3 +2.215
8. Julian SIMON SPA Mapfre Aspar Team RSV 150.3 +2.576
9. Gabor TALMACSI HUN Fimmco Speed Up Speed Up 150.2 +3.825
10. Yonny HERNANDEZ COL Blusens-STX BQR-Moto2 149.9 +6.691
11. Jules CLUZEL FRA Forward Racing Suter 149.8 +8.123
12. Roberto ROLFO ITA Italtrans S.T.R. Suter 149.5 +11.965
13. Dominique AEGERTER SWI Technomag-CIP Suter 149.5 +12.190
14. Stefan BRADL GER Viessmann Kiefer Racing Suter 149.5 +12.295
15. Anthony WEST AUS MZ Racing Team MZ-RE Honda 149.4 +12.545
Classement provisoire du championnat du monde Moto2
1. Shoya TOMIZAWA Suter JPN 45
2. Toni ELIAS Moriwaki SPA 38
3. Thomas LUTHI Moriwaki SWI 25
4. Jules CLUZEL Suter FRA 21
5. Alex DEBON FTR SPA 20
6. Simone CORSI Motobi ITA 19
7. Sergio GADEA Pons Kalex SPA 16
8. Roberto ROLFO Suter ITA 15
9. Gabor TALMACSI Speed Up HUN 14
10. Yuki TAKAHASHI Tech 3 JPN 13